S’il existe un instrument absent des orchestres en tout genre, d’Europe Occidentale, c’est bien
le cymbalum.
Il n’est donc pas étonnant que peu de gens, parmi les français, en particulier, connaissent ce
« joyau » du patrimoine classique et folklorique d’un certain nombre de pays d’Europe de l’Est. Presque 50 années de division, en 2 blocs politiques « ennemis », du territoire européen n’ont pas facilité sa découverte par des générations issues du « baby boom ».
Il y a donc, en la matière, un vide culturelle à combler, surtout en sachant que des états, tels que la Slovaquie et la Hongrie, entre autres, deux de nos partenaires de l’Union Européenne ont bâti une majorité de leurs traditions musicales sur l’utilisation de cet instrument mythique.
Partons donc à sa découverte. Le mot « cymbalum » utilisé en français est d’origine magyare et slovaque.
En Hongrie, on l’évoque aussi sous les vocables de « czimbalum »et « cimbalom ».
En Slovaque, on l’appelle « cimbal ». Attention, en français, au « faux ami » ! !
Dans la langue de Molière « cymbales » employé au pluriel désigne un instrument à percussion composé de 2 disques de métal, en forme de coupole que l’on frappe l’un contre l’autre.
Pour faire connaissance avec notre cymbalum, une photographie vaut mieux que de longues pages de texte. Pourtant il nous faut en faire une esquisse par écrit. De loin, sa silhouette lui donne l’aspect d’un piano à quatre pieds. Lorsque l’on s’en approche les différences avec « son cousin » apparaissent plus nettement. Pour les 2 instruments, les notes sont produites par l’utilisation de cordes frappées
à l’aide de petits marteaux incorporés à l’instrument, sur le piano, alors que pour le cymbalum, un cymbaliste effectue la même opération avec une baguette qu’il tient dans chacune de ses mains. Comme le clavecin ou le piano, le cymbalum fait partie de la vaste famille des cythares.
Par ailleurs le « zimbalo ungherese » est le descendant d’instruments de musiques dont on retrouve la trace dans les grandes civilisations de l’Antiquité, en Mésopotamie (3000 ans avant J.C.), en Egypte (représentation sur une peinture murale d’une pyramide), en Grèce (psaltérion). Les ancêtres du cymbalum ont été introduits en Europe certainement par les tziganes originaires de l’Inde qui ont parcouru la Route de la Soie. Il est probable aussi que les magyares ont découvert cet instrument grâce aux arabes de Byzance et qu’ils ont décidé plus tard de le conserver dans leur patrimoine culturel.
Au XVIIIème siècle, le pantaléon, grand frère du cymbalum que nous connaissons aujourd’hui, fut fabriqué par un musicien allemand du nom de Pantaléon Hebenstrut. L’instrument mesurait plus de 3 mètres de long et était constitué de 260 cordes. La légende veut que le roi de France, Louis XIV, ait pris l’initiative de demander à son créateur de le baptiser de son prénom Pantaléon. Trop grand, trop difficile à jouer et presque impossible à accorder, il disparut au profit de « son petit frère », le cimbalum hongrois.
Le cymbalum accompagne admirablement des instruments tels que le violon et la contrebasse sur des airs de musiques populaires.
Dans sa conception actuelle, il a été fabriqué, pour la première fois, en Hongrie par Jozsef Schunda, en 1874, et possède « une pédale de soutien » pour prolonger les notes. Ses cordes sont tendues parallèlement à la caisse de résonnance, dans toute sa longueur.
Le cymbalum est, avant tout, un instrument de musique qui appartient au folklore et qui, depuis des décennies, anime les fêtes populaires ( fêtes paysannes, mariages, vendanges ...). Cela n’a pas empêché de grands musiciens classiques tel que Ravel, Stravinsky, Bartok et Kodaly de composer des oeuvres pour cet instrument.
Un simple texte ne peut vous donner que des informations sur ses origines et qu’une description matérielle sommaire de ce qui le compose. Il vous faut maintenant découvrir son âme et son coeur qui vous envoûte et dont vous apprécierez le romantisme et l’émotion portés par les notes qui s’envolent de son corps. Et cela, seul un cymbaliste peut vous en révèler la magie et l’ originalité, si dépaysante et si craquante. Provoquez donc l’occasion d’assister à un concert d’orchestre qui met à l’honneur ce « Souverain incontestable » d’Europe Centrale.
Vous n’aurez pas à le regretter. Raphaël RIDIMAN